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27 novembre 2008
Fraude dans les partis : nous en avons parlé hier à la RDB, voici un article du Monde
En réalité, la tricherie interne n'est pas nouvelle dans les partis politiques, français comme européens, rappellent historiens et politologues. Au RPR, ces pratiques peu avouables ont notamment éclaté au grand jour lors de l'élection de Michèle Alliot-Marie en 1999 avec une sombre histoire de listes d'émargements volées à Marseille. Le PCF, lui, en avait fait une habitude, au nom d'une fin - la révolution - qui justifiait les moyens. Même chez les Verts qui proclament leur volonté de "faire de la politique autrement", on a vu des cartes d'adhérent falsifiées. "On n'aurait jamais autant parlé des dysfonctionnements du PS, s'il n'y avait pas eu ce rapport de forces à 50-50 entre les deux finalistes", tempère Gérard Grunberg, directeur de recherche au CNRS qui relativise l'événement en expliquant que "la lutte pour le pouvoir, c'est toujours terrible et cruel".
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Autre tendance de fond, mais qui concerne davantage les partis de gauche, le rapport au militantisme n'est plus le même. "Longtemps les militants ont été comme des militaires : quand le leader décidait d'appeler à voter, les troupes suivaient. Plus maintenant", souligne M. Tiberj. Le XXe siècle avait été marqué par une structuration politique où les partis étaient des éléments fondamentaux de canalisation de la vie politique. Le parti était omniprésent, à la fois dans la mutuelle, le syndicat, l'amicale de locataires ou le club sportif... Du coup, on suivait son chef sans se poser de questions. Aujourd'hui, les militants sont beaucoup plus autonomes, ils ont tendance à s'affranchir des consignes du chef et même à zapper.
PERTE DE LÉGITIMITÉ
Si le rapport aux partis a changé, c'est aussi par perte de légitimité politique. "La démocratie, cela a toujours été une certaine mise à l'écart des minorités. Cela fonctionne quand il y a un projet partagé. Plus du tout depuis que le débat sur des options divergentes a été remplacé par des figures totémiques", insiste l'historien Roger Martelli. Quand le débat interne ne peut plus dégager de choix clairs pour les militants et que les discussions portent uniquement sur le profil du chef, les jeux d'appareils et les trucages ont tendance à se développer, confirment tous les spécialistes.
Le fonctionnement interne très centralisé, à l'image de l'Etat, explique aussi la perte d'influence des structures partisanes. L'incapacité des partis à s'ouvrir à une participation plus active et indépendante des militants reste patente. "Il y a une grande difficulté à organiser la démocratie interne dans des organisations qui ne savent pas jouer le jeu d'une majorité et d'une minorité", remarque Sophie Duchesne, chercheuse au Cevipof.
Sylvia Zappi
16:13 | Lien permanent | Commentaires (12)
Commentaires
Un article lucide sur la faible capacité d'innovation institutionnelle des partis.
Il va falloir réfléchir par nous-mêmes à de nouvelles formes qui permettent un meilleur engagement à long terme.
Écrit par : Hervé Torchet | 27 novembre 2008
+ 1 avec Hervé
Écrit par : Claudio Pirrone | 27 novembre 2008
Alors là, cet article ne pouvait pas mieux tomber. Il confirme qu'il existe bien des forces réactionnaires en dehors du corps enseignant (clin d'oeil à M. Devedjian!)
Je l'encadre et je le distribue largement autour de moi!
Merci merci merci.
"L'incapacité des partis à s'ouvrir à une participation plus active et indépendante des militants reste patente." Je suis vraiment d'accord!
Enracinons-nous dans l'action militante qui nous permettra d'acquérir une légitimité. Il faut convaincre ceux qui sont à l'extérieur, en interne, on perd trop de temps en vains discours. Je sais, je radote!
Écrit par : Mapie | 27 novembre 2008
L'article est pertinent mais pourquoi se limiter aux votes internes aux partis? Certes ça commence là, mais ils me semblent que les élections municipales peuvent être assez "folkloriques" aussi... ce sont là des secrets de polichinelles qui ne se révèlent au grand jour qu'en cas de litige sur les résultats d'une élection.
Si Aubry avait eu 5 points d'avance l'élection aurait été qualifiée de petite merveille de démocratie... pour surtout ne pas faire de vague... quelle hypocrisie chez les vainqueurs comme chez les vaincus.
Ceci démontre simplement à quel point l'ensemble du système démocratique est dysfonctionnel.
Écrit par : Aurélien | 27 novembre 2008
Réflexion intéressante, merci de nous la signaler en la repostant.
Hélas, la journaliste a fait "investigation zéro" et glose maximale avec l'appui de quelques "experts" - ce qui a intéressé les journalistes dans leurs propos, ce ne sont que des accusations floues (si vous avez déjà été interviewé, vous connaissez la musique).
J'aurais préféré en savoir plus sur les mécanismes de la fraude - ou ceux qui conduisent certains militants à tolérer la fraude, voire à conspuer celles et ceux qui la dénoncent !
Écrit par : FrédéricLN | 27 novembre 2008
"Si le rapport aux partis a changé,c'est aussi par perte de légitimité politique".
Pas tout à fait daccord ,trop radical .Ce n'est pa la perte de légitimité politique comme décrit mais le changement substantiel en matière de conception de la légitimité politique.J'ajoute cette nuance au propos rapporté.De ce fait ce n'est plus seulement la décision politique qui fonde la légitimité d'une mesure ,mais la manière dont elle a été prise,à commencer bien entendu par le principe d'une consultation préalable.
Pierre
Écrit par : ulm pierre | 27 novembre 2008
@Mapie : t'inquiete je radote aussi ;-)
@Quitterie : comme je radote comme mapie ;-) merci d'être une connecteuse et une vigie à la fois ce qui nous permet de garder les yeux ouverts sur le monde, bises
Écrit par : virginie v | 27 novembre 2008
@Virginie, voyons ! radoter ? Déjà ? Oh !
Depuis le temps que nous sommes dans un système démocratique, il serait temps de fonctionner en démocratie. Malheureusement, c'ets encore une idée neuve en France, et dans la vie politique. La nécessité du réducteur pour toucher le plus grand nombre fait oublier que c'est dans l'intérêt du plus grand nombre que l'on élit et travaille et non dans son intérêt propre. C'est encore la monarchie de l'ego. Là dessus, Quitterie est dans le vif du sujet sur la présidentialisation. Mais elle n'est qu'une des manifestations de la dérive générale. La cause, je ne pense pas, mais la plus belle expression, certainement !
Écrit par : Diogenes | 28 novembre 2008
Diogenes parle de démocratie, je me permets d'embrayer sur la démocratie électronique avec la dernière note de veille du CAS :
http://www.strategie.gouv.fr/IMG/pdf/NoteVeille117.pdf?IdTis=XTC-DFKX-O5H8P-DD-MG5-KIV
Et bon WE aux arpenteurs du blog.
Écrit par : ManuD | 28 novembre 2008
Oui..Virginie...
La fraude récente aux élections internes du PS..c'est le paradoxe d'un systéme à la base "ultra démocratique", qui place le militant "de base" au coeur de toutes les désignations et les investitures...à partir de la section.
Mais d'un autre côté, dans un parti avec une masse d'élu(e)s..ces derniers ont compris depuis longtemps que pour l'être longtemps, ils doivent s'arranger pour "contrôler" au maximum ces désignations militantes...
Il peut y avoir aussi des pressions liés au fait..qu'untel a obtenu un job, un appart, un avantage grâce à la Mairie..au Conseil Général, à des notables...et à partir de là, le vote militant risque d'être dévoyé...
Beaucoup de militants ont cependant...refusé toutes les pressions, ils ont voté selon leurs convictions..leurs idées et celà existe, les résultats ont été alors "corrects" et non trop favorables à l'une ou l'autre des candidates...en Dordogne, malgré les appels de beaucoup d'élu(e)s pour Aurby, les militants ont tranché 55% pour Ségolène !
Le poids de grosses fédés en termes de cartes...fait aussi que comme par hasard, on y retrouve des scores massifs pour une des deux candidates (et avant c'était pareil..)!
Les erreurs "classiques" ou les fraudes potentielles :
- mauvais report des totaux de voix, boulette sur le tableau excel, transmission erronnée (SMS/téléphone ou PV)
- differents moyens pour empecher les autres représentants des différents courants...d'entrer dans la salle de vote, pour controler les opérations pendant un moment donné...
etc...
Le vote est encore très "artisanal", boite de chaussures..carton d'imprimante etc..avec parfois des bulletins de vote "différents" et dans des conditions très différentes selon les sections.....
Il n'y a pas eu suffisament "d'instructions" venant du national pour arriver à un vote "clair", et sans contestation.
Néanmoins, il ne faut pas généraliser sur les fraudes...elles n'ont pas concernées toutes les fédés...
je demeure convaincu, qu'au PS comme ailleurs, le principal risque de fraude..vient du fait que certains notables ou élu(e)s ne sont pas prêts à accepter l'évolution des avis des militants...et veulent préserver une petite carrière pépére...
Écrit par : Marsipulami | 02 décembre 2008
Et les règlements électoraux sont très en dessous du minimum vital…
Écrit par : Diogenes | 02 décembre 2008
J'ai appris avec de grands regrets ton départ du MoDem.
Ce départ, je le regrette profondement même si je te comprends.
Toutefois, je souhaite te dire même si tu n'es plus au MoDem je suivrais toujours avec vive attention ton actualité.
Écrit par : Patrick BERNARD | 24 mars 2009