Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« Et vous, c'est quoi votre coup de coeur de la semaine ?? | Page d'accueil | Hôtellerie / Restauration : décidemment notre pays n’aime pas le dialogue social !! »

21 octobre 2006

L'environnement porté par François Bayrou, ainsi qu'une contribution de Sophie Micollet

« Nous sommes devant le sujet de notre avenir. Nous allons devoir répondre à cette question, non seulement en tant que politiques, mais en tant que génération.

Quand l'unanimité des scientifiques dit "il y a un phénomène sans précédent dû aux activités humaines", il est du devoir des politiques de conclure qu'ils ont une responsabilité, et du devoir des citoyens d'imposer une réponse à cette question. Mais comme politiques et citoyens, nous ne pouvons laisser ces questions sans réponses.

Bien entendu, ce n'est pas une question nationale.

…il n'y aura de puissances politiques capables de porter ces décisions que si l'Europe existe, a une volonté politique, devient une démocratie qui porte l'ardeur des citoyens européens.

Je ne crois pas que la norme édictée par le sommet soit le moyen de régulation le plus efficace. Le plus efficace, c'est d'intéresser directement chaque acteur économique aux économies d'énergie.

Voilà pourquoi je crois que nous devons planifier à long terme - 15 ans peut-être - , par le biais d'une "fiscalité carbone" par exemple, une régulation des prix des énergies fossiles, qui pousse chacun d'entre nous à programmer, dans le temps, ses économies.

Il faut donc que ces sujets échappent aux affrontements partisans d'hier : il n'y a aucune chance qu'une politique écologique se mette efficacement en place, si elle est l'affaire d'un parti contre les autres partis. S'il y a un sujet sur lequel il faut dépasser ces clivages, qui avaient leur justification hier mais qui sont aujourd'hui complètement dépassés, c'est bien le sujet du climat et du développement durable.

Si je suis élu, je mettrai en place un Pacte national, et que je souhaite européen, pour l'environnement et le développement durable.

Pour moi, ces questions, qu'on présente toujours comme des menaces, sont aussi une chance.

Il y a sans doute menace sur l'espèce humaine, mais pas sur notre niveau de développement. Pas si l'on considère que le développement, c'est le développement humain. Education, connaissance, capacité de vivre ensemble, capacité de vivre plus sobrement, de respecter la planète,…

Un nouveau modèle de développement est en germe, plus sobre.

Portons ce double message : responsabilité pour répondre à l'urgence, vision d'un nouveau mode de vie pour l'humanité ; et c'est alors que les citoyens, qui vont avoir à voter, nous entendront. »


Contribution de Sophie Micollet, jeune adhérente à l'UDF. Merci Sophie pour ce point très pédagogique qui nous rappelle que la politique c'est expliquer, revenir à la base et donner du sens.   

Quel bonheur sur les ondes ce matin !  Nos députés, à tour de rôle, s’indignent, s’offusquent et déclarent, à grand renfort de micros, « qu’il faut faire quelque chose » !
A en croire leurs réactions, ils n’avaient (jusqu’à hier soir) pas mesuré l’urgence de la situation climatique mondiale. Ce n’est pourtant pas fautes de les avoir prévenus : scientifiques,  associations militantes, et citoyens engagés haranguent nos parlementaires à ce propos depuis des années, se heurtant irrémédiablement à l’inertie et au silence de nos représentants.
Après Indigènes, qui convainquit  notre président, Une vérité qui dérange persuadera-t-il nos députés de la nécessité d’agir (et vite !) ? Le film  de David Guggenheim,  documentaire sur l’engagement écologique d’Al Gore,  s’avèrera très certainement un moyen efficace pour interloquer et interroger les citoyens.  Un regret cependant ou plutôt une question : la politique française se fera-t-elle désormais au cinéma ?  

    Mais soyons plus sérieux : puisque le développement durable arrive enfin sur le devant de la scène politique, parlons-en ! Et commençons par les bases : définissons. Contrairement à une idée largement répandue, le développement durable n’est pas seulement une notion écologique. En le réduisant à cela, on le prive de son essence et on l’abandonne aux mains de partis minoritaires, qui bien que déterminés, manquent malheureusement d’influence (je pense notamment sur la question aux Verts et à l’UDF.  Aussi, reprenons.

Avant tout, qu’est-ce que le développement durable ?   
Il a été défini en 1987 dans le Rapport Bruntland de la manière suivante : « Le développement durable répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. ». Il a donc une triple dimension, à la fois  environnementale, sociale et économique.

Pour illustrer cela, un exemple devenu illustre : le cas du pétrole.
Le recours à l’industrie pétrolière, tous les experts en conviennent, doit être limité. Non seulement parce que celle-ci pollue considérablement, non seulement parce que le pétrole se fait de plus en plus rare, mais aussi parce qu’économiquement, l’usage de ce carburant ne sera plus rentable dans un futur assez proche (la rareté créant un surcoût insupportable par la plupart des entreprises).

A cet effet, l’anglais est sans doute plus parlant que la langue de Molière : pour évoquer le développement durable nos voisins utilisent le mot de « sustainability ». Pour le traduire littéralement, cela signifierait  « durabilité » ou « tenabilité ». Il ne s’agit donc plus seulement de créer les conditions de la croissance à long terme (développement durable) mais aussi de mettre en place les modalités d’une croissance qui soit tolérable pour chaque citoyen.
Prenons l’exemple d’une entreprise qui délocalise. Economiquement, cela lui est profitable  aujourd’hui, et probablement pendant quelques années (diminution des coûts du travail, hausse des marges, investissements).
Néanmoins, à l’avenir, cela pourra s’avérer néfaste à l’ensemble des acteurs (elle y compris) compte tenu des effets induits sur l’environnement, l’économie et la société (augmentation des transports transfrontaliers et pollution accrue, hausse du chômage suivi d’une élévation des prélèvements obligatoires, hausse cumulative du coût du travail national et international).

En un mot, le développement durable vise à considérer le monde comme un tout. Son objectif est le bien-être des individus aujourd’hui, demain et pour les siècles à venir. Il met ainsi en avant l’idée qu’un individu est un Homme avant d’être un consommateur et que sa satisfaction vient tant du plaisir de boire une eau pure, de respirer un air sain, que de consommer un bien quelconque. Vanter les mérites du développement durable n’est plus aujourd’hui une bonne action, il s’agit, au-delà, d’un acte de survie.

Commentaires

Effectivement et bien malheureusement l'approche des élections est toujours propice aux grands débats sur la dégradation de la planète. Comme toujours, on assiste à l'émouvant spectacle des politiques qui scandent : "plus jamais ca". Et voilà après c'est le néant as usual.

Concernant ton exemple sur le co^put du pétrole, je ne suis pas d'accord lorsque tu dis que cette énergie ne sera plus rentable pour les entreprises. Je pense qu'au contraire :
- les gisements de production sont rentabilisés depuis longtemps et qu'aujourd'hui les seuils de rentabilité sont très bas
- l'effet rareté se répercute sur le pric à le pompe et n'affecte pas les marges des producteurs (preuve en est leur bénéfice).

Bref, lorsque l'on voit que la pluspart des états ne respectent pas le protocole de Kyoto et bien on voit bien que la priorité des politiques n'est pas la même que celles des citoyens et des écologistes.


Je repose le débat en d'autre terme : comment concilier ce type de projet/problème qui est un investissement sur le l ong terme avec le mode de fonctionnement des politiques (en poste) qui est court-termiste ?

Quant au droit de polluer pour les entreprises, il existe déjà par l'intermédiaire de certificats d'émission de Co2 (négociables en Bourse)

Comme proposition, j'ai entendu récemment le cas d'une commune qui faisait depuis 8 ans, l'expérience du tri des déchets mais version high level : c'est à dire qu'il y avait un service de voirie très restreint (genre une fois par mois) de et que les habitants allaienst déposer et trier eux mêmes leurs ordures. Résultat : baisse de la pollution et recylcag en masse .C'est ce genre de "pilote" qui devraient êyttre repris et appliqués à l'ensemble des communes de moins de 15 000 habitants par exemple.

Écrit par : Marc_B | 23 octobre 2006

Voilà un grand pas franchi, qu'un parti politique (que ce soit l'UDF est ici un détail) prenne conscience du fait qu'un autre mode de développement est possible, non plus basé sur la croissance destructrice mais sur le progrès humain... qu'il en prenne conscience et qu'il l'affirme clairement !

En revanche, dans l'ébauche de solutions que tu dresses Quitterie, pourquoi t'arrêter à l'échelle européenne puisque, par définition, l'enjeu climatique et plus largement écologique est global ?

Et pourquoi mettre en avant des méthodes pour temporiser et freiner la consommation outrancière d'énergies fossiles plutôt que de préparer un "après pétrole" (expression assez mauvaise puisque "l'après pétrole" doit se préparer dans le "pendant pétrole") et de parler des énergies propres ?

Écrit par : Hugo | 24 octobre 2006

Hugo,
tu as tout à fait raison. Cet article n'avait pas pour but d'être exhaustif, c'était le discours de François Bayrou et une notre rédigée par Sophie Micollet. J'en profite pour les compléter avec les préconisations du RAC, réseau action climat. Vous trouverez un grand nombre de mesures, que ce soit à mettre en application dans notre vie quotidienne, dans nos entreprises ou que l'on soit amené à prendre des responsabilités publiques.
Rendez-vous y nombreux !!!
http://www.rac-f.org/rubrique.php3?id_rubrique=130

Écrit par : Quitterie | 24 octobre 2006

Beaucoup de choses sont à faire...

En termes d'énergie, je pense qu'il est très important de rappeler que, malgré de grandes campagnes de communication sur les énergies renouvelables, Total oriente aujourd'hui principalement ses fonds vers la transformation et la liquéfaction du pétrole provenant des nappes profondes.
Est-ce là une vision d'avenir, d'aller puiser toujours plus profond? Total est-elle en droit de communiquer sur des énergies dans lesquelles elle ne s'implique pas?

Je suis effarée d'entendre aujourd'hui son directeur en charge du développement durable me parler de charbon! Quel regard vers l'avenir!

Je pense qu'il faut cesser d'être utopiste en matière d'environnement et de dévelopement durable plus largement.
Les entreprises n'ont pas pour vocation d'être citoyennes. Certaines le sont, et c'est tant mieux. Mais pour celles qui ne le sont pas, le recours à des taxes me semble aujourd'hui le moyen le plus efficient pour financer la recherche en développement durable (il va de soi que ces taxes doivent être directement alouées à ces fins, et non à un tout autre domaine de compétence).

Après tout, me direz-vous, le marché fera le tri (Ah...Cette main invisible, deus ex machina qui tire les ficelles du mondes...): la rareté du pétrole rendra la recherche et le développement de nouvelles énergies rentable. Mais doit-on, et PEUT-ON attendre qu'il soit trop tard?

Écrit par : So | 24 octobre 2006

Bonjour tout le monde,

Je suis très surpris du peu de commentaires sur ce sujet.
Et je voudrais envoyer un immense bravo à F. Bayrou (de la part d'un "presque zapatiste", c'est rare !) notamment pour ces dernières lignes (que tu as coupés, Quitterie, et c'est dommage, elles sont énormes !) :
le sujet des indicateurs de développement est central, mais effectivement, dur à expliquer.
Le réseau freemen n'arrete pas de le faire depuis plus d'un an. Beaucoup d'entre nous sont tout à fait ouverts pour vous aider à le répandre très largement sur le Net et en faire l'un des sujets principaux de cette campagne.
Quand vous voulez.

"Pour moi, ces questions, qu'on présente toujours comme des menaces, sont aussi une chance .

Il y a sans doute menace sur l'espèce humaine, mais pas sur notre niveau de développement. Pas si l'on considère que le développement, c'est le développement humain. Education, connaissance, capacité de vivre ensemble, capacité de vivre plus sobrement, de respecter la planète, capacité de voir dans les Indiens d'Amazonie nos frères humains embarqués dans la même barque, capacité de bâtir la gouvernance mondiale dont nous avons besoin, capacité de saisir les instances politiques de l'humanité des problèmes qui dépassent les États et les entreprises - ce que recèlent les questions dont nous débattons aujourd'hui, c'est un immense progrès pour l'humanité !

Il faut que nous ressentions et fassions partager aux Français cette idée : il faut répondre à l'urgence, et en même temps bâtir un projet de société pour la France, l'Europe, la planète.

Un nouveau modèle de développement est en germe, plus sobre . Tout comme un nouveau modèle de dévelopement est en germe dans Internet, si on le regarde comme l'autonomie et la mobilisation des citoyens, par exemple dans les wikis.

Portons ce double message : responsabilité pour répondre à l'urgence, vision d'un nouveau mode de vie pour l'humanité ; et c'est alors que les citoyens, qui vont avoir à voter, nous entendront."

Écrit par : Casabaldi | 31 octobre 2006