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31 mars 2008

A noter : l'évolution de Nicolas Hulot "Il y a à l'échelle planétaire un apartheid qui ne dit pas son nom".

On ne peut prétendre être tourné vers le 21 ème siècle sans écouter attentivement les différents appels à la définition de nouveaux paradigmes. Nicolas Hulot donne une interview qu'on ne peut lire sans la relayer afin de réflechir.

Voici différents extraits. Retrouvez la en entier sur JDD.fr :
"Il y a à l'échelle planétaire un apartheid qui ne dit pas son nom"

(...) Comment penser l'écologie dans ce contexte?
Il ne faut plus dissocier les mots écologie, social et humanitaire. Tout cela est en train de se combiner. On a tous l'obligation de répartir la richesse. Pour cela, il faut trouver des mécanismes innovants. Je ne suis pas convaincu, par exemple, qu'il faille abandonner l'idée de la taxe Tobin [fiscalité qui s'applique aux transactions monétaires internationales]. Les détenteurs actuels de richesse se sentiraient à peine moins riches mais les exclus du festin se sentiraient beaucoup moins pauvres. On ne peut pas admettre que 70% de la production de richesse dans le monde ne profite qu'à 20 à 30% de la planète. Ce n'est même plus un problème moral. Tout simplement, ça ne passera pas. Imaginez: la moitié de l'humanité vit avec deux dollars par jour, ce que reçoit comme subvention une vache européenne. Il y a à l'échelle planétaire un apartheid qui ne dit pas son nom. Cela pouvait marcher tant que cela ne se voyait pas. Maintenant, avec les nouveaux moyens de communication, vous ajoutez à la misère un élément explosif qui est l'humiliation. La construction de l'Europe se doit de prendre cela en compte. Nous sommes condamnés à ce que les Etats interviennent. C'en est fini du libéralisme.

Ce sont des réflexions que vous avez portées auprès de Nicolas Sarkozy?
Ce sont des idées que j'exprime auprès de Christine Lagarde, de François Fillon et d'autres. Dès que je vois quelqu'un, je martèle. Après, je ne connais pas leur niveau de réceptivité. En France comme ailleurs, il manque cette remise en cause du modèle de développement dans lequel on est. Le travail de fond n'est pas fait. Pour moi, le seuil critique sera marqué par la conférence sur les changements climatiques de Copenhague, fin 2009. Si la communauté internationale échoue lors de cette échéance, on entrera dans l'irréversible.

(...)
Ne regrettez-vous jamais de ne pas vous être présenté à la présidentielle?
Pas une seconde. Il y a un mouvement qui ne s'éteindra pas et on y est en partie pour quelque chose. Le cynisme de tout cela, c'est que la traduction de la prise de conscience va moins vite que les phénomènes qu'on essaie de combattre. En même temps, en deux ans, l'environnement est devenu un enjeu central. Prenez le bonus-malus, mesure largement insuffisante mais qui a le mérite d'être là. Je note tout à coup l'imagination des constructeurs pour que leur véhicule soit "écologique". J'ai rencontré des gens de BMW, ils m'ont dit: "Mettez-nous les normes les plus drastiques, on saura faire."

Finalement, les politiques sont les plus frileux.
Je suis convaincu qu'ils sous-estiment la mutation latente, la capacité de l'industrie à s'adapter, la disponibilité de l'opinion. Il y a un manque de créativité et d'audace chez eux. Ils sont happés par leur fonction. Il faut un temps pour l'action et la décision mais il faut un temps pour la réflexion. Tout ne peut pas être prémâché par des conseillers.

De qui vous sentez-vous proche aujourd'hui?
Pardon de le dire mais je suis plus séduit quand je discute avec un Cohn-Bendit ou avec un Besancenot. Si ces gens-là pouvaient s'affranchir complètement de leur carcan idéologique, ils seraient vraisemblablement plus porteurs de nouveauté et de réalisme que les autres.

C'est quand même un sacré virage chez vous...
Non, c'est une évolution.

Votre flirt avec la politique devient très voyant...
On peut faire de la politique sans prétendre au pouvoir. Dans le cadre français, j'ai atteint mes limites d'efficacité. Pour passer dans un deuxième cycle, il faut que je me nourrisse d'autre chose. Je suis à un stade où j'essaie de rencontrer, d'écouter et de mettre en réseau des gens qui partagent la même vision. Aux marges de nos systèmes, en France comme ailleurs, il y a des penseurs qui sont porteurs de véritables alternatives, tant sur le plan économique que sur le plan politique. J'ai passé des heures avec Edgar Morin... Il va vraiment falloir que l'on s'ouvre à des idées neuves, et notre système n'est pas prêt à cela. On fonctionne en vase clos, sur des schémas totalement obsolètes, compte tenu de la réalité physique et scientifique.