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16 septembre 2006

Logement, pouvoir d’achat, système d’aides : La classe moyenne oubliée par Julien Oechsli, étudiant

Une analyse proposée par Julien, pour envoyer vos notes : qdelmas@hotmail.com, suscitons le débat entre nous et vos propositions.


Le mal être de la classe dîtes moyenne d’aujourd’hui est symptomatique de la crise du pouvoir d’achat des ménages français dans leur ensemble.
Les gouvernants, malgré les promesses adressées à cet électorat considéré comme « stratégique » n’ont pas su s’adresser aux français aux revenus dits moyens.
Aujourd’hui, l’utilisation du terme est biaisé ; Fourre tout, il intègre un agglomérat de « Ni-Ni » : Ni riches, ni pauvres. En caricaturant, il ne suffit pas de définir les français moyens comme trop pauvres pour être riches ni comme trop riches pour être pauvres. Même les riches tentent trop souvent de se classer dans la classe moyenne ; constat déjà fait pas Tocqueville en son temps : « Les classes moyennes, c'est-à-dire les classes supérieures qui n’osent plus dire leur nom ». Résultat : le terme « classe moyenne » est utilisé à l’envers de son sens par les politiques qui concentrent trop souvent leurs mesures sur les plus favorisés. J’en veux pour preuve les derniers avantages fiscaux consentis par le gouvernement et concentré sur 0.5% des foyers français.
 
Tentons donc, au-delà des classifications dangereuses d’établir une définition précise de la classe moyenne. Selon l’observatoire des inégalités, appartenir à la classe moyenne, c’est vivre entre 1200 euros nets et 1840 euros nets par mois. Cette tranche représente 40% des salariés et comprend une part importante de jeunes qui connaissent des difficultés d’insertions sur le marché du travail et pour se loger…alors que leurs ainés arrivés sur le marché du travail  pendant les 30 glorieuses n’ont pas connus cette galère.  Aujourd’hui, connaître la galère, les difficultés d’insertion est devenu une sorte de rite initiatique pour ces jeunes issus de la « middle class » et oubliée de la croissance qui, nous di-on à Bercy, repartirait de plus belle...La nouvelle classe moyenne est donc éprise d’un véritable sentiment d’injustice déplorant que l’idéal méritocratique ne soit plus une réalité. Elle ne ressent plus les effets de l’ascenseur social, elle stagne et même pire elle se sent régresser.

Premier constat que l’on peut évoquer : la classe moyenne est sévèrement mise à mal par les récentes politiques gouvernementales. Dernier épisode en date : le CPE. Au travers de cette réforme, c’est la société française dans son noyau central qui a été visé. Les politiques ont réussi à stigmatiser la classe moyenne, ils l’ont laissé sur le côté en pensant naïvement qu’elle pouvait s’en sortir toute seule alors qu’il aurait dû anticiper un mal être qui ne demandait qu’à émerger.
Deuxième constat : la classe moyenne s’est élargie alors même que le salaire médian a baissé.
Enfin, il existe réellement une difficulté quotidienne pour les français moyens qui en même temps qu’ils observent une stagnation de leur pouvoir d’achat, voient les prix du logement progresser de manière exponentielle. A cela s’ajoute un système d’aide qui favorise les effets de seuil et empêchent les familles de toucher des bourses pour leurs enfants ou même de pouvoir bénéficier de logement sociaux.

Contrairement à ce que l’on pouvait constater auparavant, les classes moyennes ne sont plus heureuses. La moyennisation est mal vécue à l’heure où elle nivelle la société vers le bas.
Les classes moyennes veulent aujourd’hui des propositions concrètes ! Qu’attendez-vous ?

Commentaires

Et ce ne sont sûrement pas les mesures prônées par Sarkozy aujourd’hui en faveur du logement qui vont changer la donne mais qui, au contraire, risquent d’effrayer les classes moyennes.
Son programme énoncé hier prévoit notamment de vendre 30% du Parc HLM, soit près de 40 000 logements compensée par la construction équivalente de logements neufs. Autant dire que c’est impossible à Paris où, justement les besoins de logements sociaux à Paris sont énormes et où il n’y a quasiment plus de terrains à bâtir. Résultat : une baisse assurée du parc locatif. Merci Sarko !!! Tout cela n’est qu’un exemple du manque de vision dont font preuve les politiques dans les dispositifs d’amélioration des conditions de vie d’une partie de notre société qui ne demande qu’à être entendue.

Écrit par : Quitterie | 16 septembre 2006

J'aime bien le terme de "moyennisation", qui laisse entrevoir une connotation liée à la médiocrité.

Nous, classes moyennes, souhaitons sortir de cette médiocrité dans laquelle le système nous enferme.
Par ex, c'est toujours frustrant d'entendre les politiques demander sans cesse aux classes moyennes de faire des efforts en matière de consommation (consommer mieux, plus écolo, moins asiatique etc... etc...). Les classes moyennes, les vraies, ne peuvent plus -> médiocrité forcée !
D'où l'intérêt d'inciter à consommer mieux en harmonisant les exigences socio-économiques et environnementales.

Cela permettrait de sortir de cette notion de médiocrité et de rassembler la classe moyenne autour des grands enjeux de demain.

Des idées concrètes ont été abordées sur ce point lors de la table-ronde "environnement" de l'UE 2006 avec Nicolas Hulot !

Écrit par : Angélique | 16 septembre 2006

hum hum... classe moyenne, j'en suis.
La classe moyenne est, pour moi, la classe de référence pour la société.
Non pas que je me prenne pour une référence, mais plutôt que je considère qu'au regard de ce que possède les classes sup et les classes défavorisées (le "classe inférieur" pourrait logiquement etre mal pris par ceux qui en font parti, car elle regroupe un maximum de population issu de la colonisation... c'est une autre (facette de l'/cette) histoire...)nous possedons suffisament sans posséder trop.
L'idéal serait donc de recentrer la redistribution autour des sommes engrangées par cette classe pour, je pense améliorer le quotidien de tous sans tomber dans l'excès. (la question du nivellement de la culture qui suivrait le nivellement des modes de vie est une question qu'il faut se poser... sans différences culturelles, plus de question ni de remise en cause... quelle société dès lors? mais comme l'école ne met en avant que cette culture de classe moyenne au travers des programmes (violence symbolique traité par bien des auteurs), cela pourrait-il améliorer la vie de tous par plus de réussite scolaire? la réussite pour tous est elle envisageable, voir une bonne chose pour la société?)

(post digréssions)
Pour moi, donc, la moyennisation (des revenus) est la meilleur des solutions si l'on se sent capable de ne pas toujours demandé plus, de ne faire son consomateur moyen face à une économie de marché qui nous en propose toujours plus sans que cela entre dans nos besoins réels...
Etre capable de ne pas toujours gagner plus et de stabiliser son niveau de vie, etre capable de ne pas toujours acheter plus et calmer son matérialisme primaire! Voilà ce qui nous permettrait de consommer mieux et de (p)reserver un peu d'argent à des projets plus important pour tous... (commerce équitable, preservation de l'environnement par achat de produit biodégradable ou maison écologique...)

La vie de la collectivité n'est qu'une question de choix individuels, et moi, d'extreme gauche, j'affirme que celle-ci ne changera que pas la somme des actes individuels non concertés (ce qui sous tend une réelle prise de conscience)!!!


Faites vos choix!!!



J'ai fait le miens depuis longtemps :
La moyenne me suffit!

Écrit par : guillaume | 17 septembre 2006

Fière de venir des classes moyennes, pour ne pas dire populaires!

Cette analyse pertinente est bien développée dans Le Point de cette semaine pour ceux que cela intéresserait.
On y trouve une réflexion intéressante (et rebattue par lui, mais bon...) de J. Marseille sur le pouvoir d'achat, l'inflation et sa piètre prise en compte par l'indice d'évolution des prix défini par l'INSEE.
Il y compare notamment 2 familles, répertoriées dans cette fameuse classe moyenne (à savoir dans la tranche de revenus définie ci-dessus par Julien, et dans la CSP profession intermédiaire), et montre comment, l'une et l'autre, ont vu diverger leur pouvoir d'achat au cours de de la dernière décennie.

Plus grave, l'auteur de l'article du Point dénonce la "panne de l'ascenceur social" dans la société française. C'est, selon moi, le plus grand drame des années passées, et le plus beau défi des années à venir.

On m' a demandé un jour d'où "venait" la croissance. Grande question! Mon interlocuteur s'attendait à ce que je lui réponde quelque chose du type "des marchés financiers"...
Facile! Une réponse obscure rend l'équation inextricable et la réflexion empêtrée... Et bien non, je lui ai répondu "des idées".

Les idées, et oui, les idées contradictoires qui incitent à réfléchir, à chercher, à innover... Les idées qui se confrontent , s'épousent et se haïssent.

Or aujourd'hui, nous ne nous mélangeons plus... Ni à l'école, ni au service militaire, ...
Notre schéma social se sclérose : Seuls 4 % des étudiants des Grandes Ecoles ont un père ouvrier... En conséquence, d'où la confrontation naîtra-t-elle? Qui pourra (et osera) "challenger" les élites établies?


La mobilité sociale offerte par l'école ne doit pas être seulement un facteur d'égalité et de mixité : elle doit aussi et surtout être source d'interactions. La rencontre de l'autre amène des débats qui font avancer le monde! L'ascenseur social est donc une promesse de croissance (On note d'ailleurs une corrélation positive entre mobilité sociale et croissance durant les 30G... )

En somme, les classes moyennes ont perdu espoir, et pour elles, et pour leurs enfants. Elles ne croient plus à l'école, plus à Dieu (ou plus beaucoup), plus au politique, et bientôt plus aux médias ;) ...

Comment et pourquoi continuer dans ces conditions?

A nous de leur redonner un but et surtout l'envie d'y croire!

Écrit par : So | 17 septembre 2006

Tu parles de la classe moyenne comme d'un tout, et appelle de tes voeux des mesures qui remédient à son sentiment de non-reconnaissance par le reste de la société, et de paupérisation. J'en suis d'accord.
Mais précisons tout de suite que ces classes moyennes sont très diverses : il ne s'agit pas d'un bloc, mais d'une catégorie où cohabitent le receveur des postes surprotégé et l'employé des services précarisé.
Ceci pour éviter les écueils (simplification, croyance en le "tout politique") contre lesquels les gouvernements viennent se fracasser quand ils croient proposer une mesure miracle (exemple : le service civique obligatoire pour remédier au manque de cohésion nationale).
Il ne peut y avoir de "grand soir" des classes moyennes. Si action il y a, elle consistera bien plus en une politique de long terme, et pas en un train de mesures brutales et inadaptées.
Sinon, je suis d'accord sur l'accent que mets sur la mobilité sociale. Il s'agit assurément d'un objectif mis à mal au quotidien en France, et qui pourrait être au coeur de la présidentielle.
Pourquoi ne pas suggérer à notre futur candidat d'en parler plus souvent?
http://www.david-valence.net

Écrit par : David | 18 septembre 2006

Je ne crois absolument pas que les classes moyennes soient un tout unique et homogène. Je pense qu'il s'agit d'une case fourre-tout et que cette notion ne veut pas dire grand chose.

Je ne crois guère plus au mythe du grand soir. Une politique de long terme? Oui... Mais il faut bien commencer par quelque chose. Par quoi selon toi? Je pense à l'éducation parce qu'il s'agit d'un sujet qui me touche, mais d'autres thèmes peuvent être abordés quand on évoque les classes moyenne.

Concrètement, les "classes moyennes" sont des Français touchés de plein fouet par les effets de seuil. Les réduire serait une belle avancée. Mais cela se fera peut-être plutôt à un échelon local : révision des tarifs des transports et des gratuités (Municipalités? ), faciliter l'accès à la propriété avec des prêts préférentiels (Région?).
Pour ce qui est de la politique fiscale, peut-être devrions nous attendre de voir l'impact des mesures mises en place par ce gouvernement (nous n'en connaissons pas encore les aboutissants).

Quant aux mesures de cohésion, tel le service civique, je ne trouve pas cela mauvais (et même plutôt bien) . Mais cela a tout de même le goût d'un constat d'échec : s'il y avait plus de mixité dans la société, nous n'aurions pas besoin de ce recours. C'est aussi le rôle des plans locaux d'urbanisme d'assurer cette diversité sociale.

Je crois que nous sommes donc plutôt d'accord David, non?

Que proposerais-tu? Je sais que je n'ai rien suggéré d'original et d'innovant, mais selon toi, sur quoi faudrait-il axer une politique (ou plutôt des politiques) favorable aux (diverses et variées) "classes moyennes"?

Écrit par : So | 18 septembre 2006

mixité sociale... maudits beaux mots!
Etudiant dans le 93, je suis sur que c'est ça qui résoudra les problèmes des jeunes qui sont enfermés dans un carcan (opaque, s'il eut fallut le préciser) de misère et d'effroi. Si tous nous nous accordons sur l'importance du partage des cultures sociales pour un juste équilibre et une honnête compréhension de l'autre, on peut légitimement se demander : comment mettre en place ce-ci?

Quel riche (les classes moyennes étant riches vis à vis de ceux qui n'ont pas grand chose) voudra aller vivre dans une ville comme la courneuve ou bobigny si ce n'est en dehors des cartiers... pavillonaire? Qui alors qu'il a les moyens veut habiter une cité pourrie (où le desengagement de l'état est certain) où il sera envié pour son argent et rejeté à cause de la culture qu'il a?
Quel pauvre peut se permettre de venir habiter dans un cartier residentielle de banlieu au prix des maisons ou des appartements? il sera lui aussi rejeter pour sa culture et souvent sa simplicité, traité de beauf ou d'ignare, je n'aimerais pas être à sa place...

Dès lors que ces questions semblent insolubles, ne peut on pas tenter de redéfinir la mixité sociale. Car la mixité sociale n'est pas le simple agencement de cartier socialement différent mais bien la construction d'un mélange de cultures (car en France, on peut aisement associé une culture à un milieu, hélàs!) au quotidien.
Et s'il apparait difficile de faire cohabiter deux mondes sur les lieux d'habitations, pourquoi ne pas envisager d'augmenter les lieux de rencontres et de democratiser l'accès au langage dans ces mêmes lieux? (laisser chacun prendre la parole avec son niveau de langue)
D'où l'importance d'un strict respect de la carte scolaire et d'un réinvestissement de l'état dans une réelle politique d'éducation par exemple... Décloisonnement des cartiers attribués à telle ou telle type de population carcérale avec une réforme du milieu carcéral... reforme du control de police qui fonctionne au delit de faciès... etc...

La compréhension de l'autre, et la fin de la peur qui y succède, ne resulteront que d'un travail soutenu en terme d'échange et de respect... que l'on peut esperer d'abord comme verbal...

Écrit par : guillaume | 20 septembre 2006

Venez donc visiter mon blog :

http://classemoyenne.hautetfort.com

Écrit par : éric | 23 septembre 2006