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22 septembre 2006
La crise du CPE
Le combat de XX à Nice
Merci XX pour l'illustration de ton combat ! A ce moment là et par un léger manque de coordination, nous faisons de même (en moins médiatique) à Paris !
La crise du CPE vue par un centriste par Charles Edouard Sala Ou
Comment j’ai décidé de m’engager en politique
C-E Sala, nouvel adhérent UDF
Je suis étudiant en physique, l’année universitaire passée a été pour une grande partie des étudiants de France assez mouvementée. Pour ma part, je me trouvais alors en Faculté des sciences à Orléans, petite université de la région Centre. Je vais tenter de vous raconter ce qu’il s’y est passé pendant les grèves et comment je l’ai ressentit.
Tout a commencé un matin, lorsqu’en arrivant près des bâtiments, nous fûmes assaillit par une armée de syndiqués nous tendant des tracts pour nous expliquer à quel point « le CPE c’est pas bien… ».
Je dois avouer que ma première réaction, certes motivé par le fait que nous étions le matin, fut en gros « qu’est-ce qu’ils nous em… ce matin encore ». Réaction, je l’avoue pas très constructive mais assez répandu à la fac surtout lorsque en une année universitaire vous avez assez de papier syndicaux pour faire un cahier… Ma deuxième réaction fut « ils sont encore en train de gâcher du papier », plus écologique mais pas très intéressante non plus. Après avoir pris leurs tracts (par politesse) et les avoir mis dans nos sacs immédiatement, nous partîmes en cours. Je lu ce premier pamphlet en attendant le professeur, je fus surpris des mots utilisés (ce projet de loi était-il vraiment le renie de toutes les avancées sociales au cours des siècles ?), je décidai alors de m’y intéresser un peu plus…
Ce fut ainsi une sorte de routine, pendant quelques jours, nous arrivions le matin, ils nous donnaient un tract (parfois le même que la veille), parfois plusieurs (chaque syndicat avait le sien plus ou moins virulent) nous le mettions dans nos sacs (le plus souvent sans le lire) puis la journée s’écoulait normalement.
Et puis un jour, les syndicats organisèrent une première assemblée générale étudiante, où je ne suis pas allé comme les 9/10eme de la fac car nous avions cours. On m’a juste dit qu’il y avait été décidé qu’une prochaine assemblée allait avoir lieu le lundi suivant avec vote du blocage.
Stupeur, quoi, comment cela, ils vont bloquer la fac ? Nous empêcher de travailler ? Je savais qu’il le faisait ailleurs, la fac de lettre était bloquée depuis quelques temps déjà, mais à priori, la majorité de mes connaissances pensait que le blocage allait être refusé, un professeur nous dit même, « vous savez en 68 ils ont pas réussit à bloquer la fac alors… » C’est dire la confiance. J’avais cours à ce moment là mais il fut décidé que ce serait moi qui irait et ferait un compte rendu auprès de mes amis ; à vrai dire je m’étais déjà décidé à y aller de mon propre chef, comme certain de mes amis ne s’y intéressaient pas vraiment et que d’autre avaient surtout peur de louper des cours ils profitèrent de l’occasion. J’avais consigne de voter contre.
Je rentrai dans l’amphi où devait se tenir l’assemblée, j’étais loin d’être le premier mais l’amphi était également loin d’être plein, disons entre la moitié et un quart d’un local de 500 places environ, pour une fac de plusieurs milliers d’étudiants ce n’était pas beaucoup… Le président de séance était un syndiqué de sud étudiant, le syndicat le plus marqué à gauche des syndics étudiants, communiste plus proche de la LCR et des libertaire que du PCF. De plus il y avait dans l’amphi un bon nombre de syndicaliste de lettre venu prêter main forte. Le climat était houleux, je m’imaginais que ce devait être comme cela dans les assemblées de la Convention mais quelle différence d’Hommes et de sujets… L’assemblée dura plus de 2 heures, au cours desquelles probloquage, pro grève contre le blocage, antiblocage et antigrève prirent la parole avec une nette proportion en faveur du premier groupe (et oui, le président avait dès le départ fait comprendre ses positions.). Parmi les arguments les plus intéressant on pu trouver : « le gouvernement à fait cela sans aucune concertation avec les partenaires sociaux ; même les patrons ne sont pas pour ; c’est le système de la flexisécurité sans la sécurité ; la grève est un droit pas un devoir, en bloquant vous obligez les gens à faire la grève ; les gens ne viennent pas si ils ont cours si on bloque, ils peuvent venir voter pour choisir de continuer ou d’arrêter … »
Mais il y eu aussi : « le but c’est de renverser le gouvernement et puis le libéralisme ; il faut faire comme en 68 ; le blocage c’est pas bien ; il faut arrêter de vous plaindre sinon la France va devenir un pays pauvre…
Enfin, le blocage passa…
J’ai voté blanc à ma première AG ainsi qu’a toutes les suivantes sauf une fois où j’ai approuvé le blocage… Après avoir écouté les arguments des uns et des autres et après avoir lu les textes de loi et des articles je pense que le CPE n’était pas une bonne solution et surtout qu’elle a été très mal présentée. De plus, il faut savoir que contrairement à ce que disaient les journaux, les étudiants ne demandaient pas purement et simplement le retrait du CPE, leur demande était : retrait de la loi sur l’égalité des chances, revalorisation conséquente du budget des Universités ( aujourd’hui quand l’état dépense quatre euros pour un étudiant en classe prépa ou en école d’ingénieur, il en dépense un pour un étudiant en faculté), plus de crédit pour la recherche française pour enrayer la fuite des cerveaux à l’étranger et maintenir la recherche nationale dans le meilleur niveau mondial, plus de places d’enseignant et enfin arrêt de la répression et amnistie des leader des mouvements étudiants. Pour ma part la recherche va me concerner, et n’ayant pas une motivation énorme pour faire chercheur…d’emploi j’approuvai cette requête, de plus la LEC (loi sur l’égalité des chances) prévoit l’apprentissage à 14 ans ainsi que le travail des apprentis de nuit sous certaines conditions mais à un salaire moindre. Je viens d’un lycée agricole, j’y allais en bus, or il se trouve que ce bus était également celui du CFA, Je m’imaginais un gamin de 14 ans avec les apprentis dont une bonne partie sont ceux que notre éducation a rejetée, ils ne lui restait plus qu’à devenir une victime ou lui-même avoir des victimes. Je pense qu’il est d’abord nécessaire de reformer le CFA et d’arrêter d’en faire l’endroit ou vont à 90 pour cent ceux dont on ne sait pas quoi faire.
Le blocage était donc approuvé, dans les jours suivants allait avoir lieu une autre AG pour que les étudiants puissent vraiment tous venir.
Ce jour là, j’eu la curiosité de voir comment les syndiqués allait empêcher les gens d’aller en cours. Je ne fus pas déçu. L’accès aux salles de cours de notre bâtiment principal se faisait par un escalier, celui-ci était obstrué par des tables, des chaises étaient retournées et coincées avec l’aide de la rampe, véritables piques pour empêcher les étudiants d’escalader. Le tous était joliment décoré avec des bandes de plastique rouge et blanc (comme dans les chantiers) ! Les vitres étaient recouvertes d’affiche « fac en grève » ainsi que d’autre donnant la date et le lieu de l’AG.
Lors de la deuxième réunion, le nombre était plus conséquent, le président n’était plus un syndiqué (il fallait que cela fasse moins partisan) mais il s’agissait d’un sympathisant SUD et LCR (que j’ai l’honneur de compter aujourd’hui parmi les gens que j’apprécie et j’espère que c’est réciproque). Cette fois le doyen s’était déplacé.
Le blocage repassa… Certain de mes amis votèrent même pour !!!
A ce moment là, puisque nous n’avions plus de cours (bien que ici les TP et les examens obligatoires furent maintenus et que les étudiants devant aller en stage purent accéder au cours ce qui est preuve du pacifisme de notre fac), quelques amis et moi-même décidâmes de prêter main forte au mouvement
Les autres AG se déroulèrent à peu près comme les précédentes, environ toutes les semaine nous nous réunissions pour voter, à ceci près que premièrement les SUD ne dirigèrent plus les AG, la majorité des grévistes étant non-syndiqués et que les débats furent de plus en plus calme ( souvent plus calme qu’à l’assemblée nationale !) et que nous avons eu droit à un micro ( que je devais transporter dans l’amphi pour les questions : on me surnomma le Galopeur, je n’eu pas besoin pendant la grève de faire du sport, je courais intensivement deux heurs toutes les semaine ! ), je présidai même l’une des dernières AG après le déblocage.
Pour l’anecdote, une des AG se déroulait juste à coter d’un concours (d’infirmière il me semble mais je n’en suis pas sur), à la demande du doyen nous fîmes une AG sans un seul cri ni applaudissement. Nous utilisâmes ce que notre super président (que je félicite encore d’avoirs su si bien gérer les AG) appelait la Ardisson attitude (allez savoir pourquoi). Ceux qui approuvaient ce qui était dit faisait un geste qui ressemblait à ce que l’on fait quand on chante « ainsi font font font les petites marionnettes » (désolé pour les références !) et ceux
Qui désapprouvaient tournaient leurs pouces vers le bas et faisaient monter puis descendre leurs mains.
Virent ensuite les actions de terrains, c’est là ou j’ai appris à tracter et à faire des affiches, les syndicalistes et les militants d’extrême gauches sont les meilleurs pour cela, c’est eux ( les jeunes mais aussi les autres que j’ai fréquentés) qui m’on appris le peu que je sais sur le sujet. C’est cela entre autre qui m’a poussé à m’engager car si avec leurs supers moyens ils diffusent leurs idées qui pour moi sont trop extrêmes et marginale (pour l’instant) alors si l’on s’engage pour un partie qui à de bonne idées mais ne communique pas assez, on peut être utile si l’on a appris comment faire. Je ne fais pas l’apologie des extrêmes mais il est vrai que si vous avez l’occasion de voir comment se passe le militantisme au PC, à la LCR ou dans les syndicats alors profitez-en.
Il fut également organisé deux blocage d’autoroute qui se passèrent relativement bien, mais qui faillit tourner au drame, les militants de SUD (que nous appelions les Sudiste…) voulant s’enchaîner au péage ; les gendarmes n’étaient pas forcément d’accord…
Puis il y eu les manifs, refusant de me mettre à crier des slogans certes très inventifs mais avec lesquels je ne me sentais pas forcement en accord je décidai de faire parti du système de sécurité ; là encore, je me dois de rendre hommage à celui de la CGT car quoi qu’on en pense ils sont très pro pour cela. Il faut savoir que qui dit manif dit casseur, le rôle du service d’ordre est de protéger les manifestants et les magasins aux alentour, c’est très prenant et loin d’être facile, j’ai vu des casseurs enfoncer trois lignes d’étudiants qui les empêchaient de rentrer dans la manif ( je leur avait demandé de se rassembler après que la police me l’ai demandé car je faisait la navette entre les forces de l’ordre et les groupes de services d’ordres ) alors qu’un seul rang de Cégétistes les a arrêtés. Ce travail demande une vigilance constante et n’est pas sans risque, en effet les « fauteurs de troubles » comme disaient les journaux, quand ils ne pouvaient pas s’en prendre aux policier ou aux manifestants se rabattaient sur le service d’ordre ; on m’a par exemple lancé un cadenas qui m’a frôlé, il m’aurait sans doute sonné…
Un autre détail, lors des manifs, les étudiants de la fac de sciences portaient des sacs poubelles pour « montrer qu’ils n’étaient pas jetables ». Les slogans et les banderoles étaient vraiment bien pensées, notons par exemple la chanson « Villepin si tu savais
Ton contrat ou on s’le met
Aucu aucu aucune hésitation »
Ou d’un autre style une affiche avec notre premier ministre en train d’enc… un jeune avec le CPE avec marqué CPE contrat pour enc…
Ou encore « carotte poireaux endive arrêtez vos salades ! »
Nous avons également réalisé un jeu pour alimenter la caisse de grève (qui permettait d’offrir un petit déjeuner aux grévistes et non grévistes et d’acheter les journaux de tous bords, monde, figaro, libé, etc.) c’était une cible à viser avec 0 points si l’on touche la case pour aménagement du CPE, moins 50 pour son maintient, 50 pour son retrait 100 pour le retrait de la LEC. Il a remportée un grand succès.
La fac a débloquée peu avant le retrait du CPE, c’est donc une fac non bloquée qui a accueillit la nouvelle avec soulagement.
Pour conclure il faut préciser qu’à Orléans en fac de sciences, il n’y a eu comme dégradation qu’une chaise démolie et encore elle était déjà prédisposée et ce fut un incident (on s’est assit dessus trop rapidement !!!). De plus les seuls affrontements du uniquement au blocage furent verbaux et se sont déroulés dans les AG, les antis bloqueurs venant ensuite jouer aux cartes avec les bloqueurs. Nous avons évités au maximum les AG dictatoriales UNEF/SUD contrairement à ce qui s’est passé à la coordination étudiante et dans certaines autres facs. Nous avons trouvés dommage que seule une petite partie des étudiants viennent aux AG mais peut-être ne les avons pas assez encouragés à s’investir.
Pour ma part, c’est pour cela que j’ai décider de m’engager car après avoir vu comment les syndicats peuvent manipuler les non syndiqués ( ce qui a au maximum été évité à Orléans mais cela ne fut pas forcément facile car les syndicats ou les partis pouvaient financer des tracts a condition de mettre leur nom dessus) j’ai acquis ce que je pense être deux certitudes, premièrement je pense que s’engager est un bon moyen pour ce ne soit pas tout le temps les autres qui décident pour vous et que cela permet aussi de faire en sorte à votre niveau que le parti réponde vraiment à vos attentes et que vos opinions soient prisent en compte.
merci.
11:15 | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
belle histoire... il m'est arrivée à peu de chose près la même chose... j'ai tourné PCF mais c'est normal mes études sont plus tournées sciences humaine... Le plus dur maintenant va être pour toi de garder ton amateurisme objectif lors des prochaines réunion, car en t'encartant tu es devenu un indique potentiel aux yeux de ceux qui bosseront avec toi... Bon courage à toi... bonne continuation!!!
Écrit par : guillaume | 23 septembre 2006
J'ai toujours été pour le CPE. Je suis à l'UDF mais j'ai bosser et je peux vous dire que c'est dure de trouver un job.
Ca aurait pu nous donner la chance de plus de flexibilité et de responsabilité. Je n'aurai rien eu craindre du dirigeant car je bosse vraiment.
C'est dommage que le conservatisme et la violmence de certains participent à bloquer la France sur les priviléges d'une minorité.
Écrit par : Youpiyaya | 25 septembre 2006
Être UDF, et pour le CPE n'est théoriquement pas possible, pour la simple est bonne raison que l'UDF est un parti humaniste qui respecte l'homme et l'individu.
À partir du moment où le CPE ne MOTIVAIT PAS le licenciement, il était impossible à n'importe qul homme de bon sens de soutenir un tel texte technocratique.
Je suis UDF, j'ai combattu le CPE avec autant de vigueur que les blocus de Fac, et aux manifestations sauvages de l'UNEF, il faut répondre par la démocratie et les débats pluralistes, entre chefs d'entreprises et CGTistes par exemple (ce fut le cas à Nice).
En aucun cas on ne peut être pour le CPE si l'on est un peu lucide.
On ne jette pas les gens comme des chaussettes, et même si les moyens étaient très contestables, je suis fier que mon pays se soit opposé à une telle réforme.
Qu'on se le dise : l'UNI, et les jeunes de droite en général, qui soutenaient ce texte, sont des prostitués du MEDEF prêts à tout pour avoir un pouvoir d'achat plus élevé que la moyenne nationale.
Halte à la bêtise, Oui à nos principes historiques.
Écrit par : Jean-Baptiste | 25 septembre 2006
Et bien JB, tu en as mis du temps pour venir sur cette note, aurais-tu des photos ou des exemples de tracts du combat que tu as mené à Nice contre le CPE ? Ca c'est de l'engagement et du courage !! A toi de jouer pour nous faire vivre ton expérience !!
Écrit par : Quitterie | 26 septembre 2006
Il me reste des tracts au fond de mon disque dur oui...
J'ai un dossier CPE avec des articles de presse, des revues intégrales...
À cette époque je lisais tous les quotidiens pour ne rien rater...
Même le Figaro !!!
Des photos, j'en ai surtout une à vous montrer...
Celle du métro du 21 Mars, édition Nice...
Il y aussi l'édition FR3 côte d'azur dont je n'ai plus de trace, mais qui était assez forte: Je demande au nom d'IDÉE aux étudiants de ne plus voter dans les amphis de la Nomenklatura, mais dans une urne réglementaire, avec présentation de la carte d'étudiant(e).
Ce qui a conduit à un premier blocus "unanime", les anti blocus ne votant pas, puis un recours d'IDEE, et avant que cela soit vraiment traité, sous la pression, l'union anti-cpe pro blocus (vous voyez de quelle nébuleuse je veux parler...) a cédé sans attendre la doyenne(qui pourtant, en lettre, était de leur côté...).
Imposer la démocratie en temps de crise, c'est possible !
Écrit par : Jean-Baptiste | 26 septembre 2006
tu as raison, on peut instaurer la democratie en temps de crise du moins on peut faire le maximum, c'est ce que nous avons fait à orleans sauf que bien sur nous n'avions pas IDEE et avons donc du s'organiser en non syndiqué, si ça interresse j'ai une vidéo faite par un pro grève anti blocage qui est assez sympa et résume assez bien
Écrit par : charles-ed | 27 septembre 2006