« Combien de claques faudra t'il pour arrêter Hadopi ? La nouvelle baffe mémorable du jour : la CNIL | Page d'accueil | Where you gonna sleep tonight ? Au siège du Mouvement démocrate, à partir de 22 heures ! »
03 novembre 2008
Mélanine de Daniel Carton. Quand la fiction nous fait exploser l'actualité et notre médiocrité à la figure
Sciences. Où quand, dans notre société, nous payons des ponts d'or pour rémunérer nos idoles médiatiques : sportifs, femmes-hommes troncs de la télé, ... et que nous versons des clopinettes aux chercheurs.
Mélanine : celle qui définit notre couleur de peau.
Thriller : une mystérieuse épidémie tue des centaines, des millions de personnes dans le monde, le mal choisit ses proies en fonction de leur couleur de peau. Très proche thématique du paludisme, à l'inverse. Dans ce livre, les femmes et hommes de peau de couleur noire sont rescapés de cette épidémie.
Invitation au voyage : Daniel Carton nous entraîne de part le monde, depuis l'enfance de Julius, de ses voyages en tant que professeur de l'Institut Pasteur sur tous les continents, à sa rencontre avec Louise, à Paris. Interdépendance, effet papillon, mondialisation. Les citoyens du monde, tous dans le même bateau, dirigés par des pilotes de la gouverance mondiale étrangement et vraisemblablement incapables de faire face.
Regard acide sur notre société, ses dérives, sa superficialité, sa haine de l'autre pour combler ses peurs. Où quand tout devient grave, peu importe les politiques, les célébrités, ils ne peuvent rien. Nous sommes tous égaux et désarmés face à la mort, la maladie, aux pandémies, à nos vieux. Dans ce roman, seuls les scientifiques ont la clé. Les intérêts économiques et politiques le pouvoir de les pervertir.
Vous refermez ce livre, et vous n'êtes plus tout à fait le même. On ne s'en rend pas compte immédiatement, mais le premier roman de Daniel Carton fait un travail en profondeur, remettant chaque chose à sa place. Ca fait mal. Mais ça fait du bien à l'humanisme, cette valeur dont nous manquons tant.
Je vous ai déjà parlé de Daniel Carton. Ici.
------------------------------------------------
[Edit du 4/11/2008 : deux articles en lien avec les thèmes de ce livre, revue de presse de Fabrice Hauet] :
ADN : les biohackers créent des monstres dans leur garage
Biopunk, DIYbio, biologie de garage, biohacking… Peu importe le nom qu'on lui donne, l'ADN pour tous arrive demain et pourrait bien nous faire connaître l'équivalent de la révolution micro-informatique. Mais pour contrer l'hégémonie de grands groupes industriels en la matière, des apprentis docteurs Frankenstein développent déjà en parallèle un nouvel underground libertaire.
http://www.rue89.com/chasse-a-cool/2008/11/03/adn-les-bio...
L'Europe mal préparée à une pandémie grippale
La menace est d'une ampleur considérable. En fonction du degré de virulence du nouvel agent pathogène, une pandémie grippale causerait, selon l'ONU, de 1,4 million à 70 millions de morts. Et la Banque mondiale estime que son impact économique pourrait s'élever à 3 000 milliards de dollars.
http://www.lemonde.fr/planete/article/2008/11/03/l-europe...
19:38 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : daniel carton, melanine de daniel carton, science, genetique, chercheurs, fiction, diversite
Commentaires
@Quitterie : Ok je vais le lire, et je comprends pourquoi tu veux que je lise..ta chronique m'a passionné...tu as raison n'est grave que ce qu'on considère grave là ou on laisse la place..apprendre à profiter de chaque minute plutôt que de tout gacher pour des chimeres...tout un programme qui en fait un roman..roman noir, roman de gare, plus qu'un roman, un pan de vie entier sur ces quelques pages, affectueusement, virginie
Écrit par : virginie v | 04 novembre 2008
Une (très) saine lecture ! Merci de nous l'avoir conseillée ! Je viens de le refermer et je suis assez enchanté !
Tout d'abord ça faisait bien longtps que je n'avais pas trouvé un bouquin où la description était si pleine de poésie et de délicatesse (en référence à l'Afrique) et dans lequel la langue fançaise n'était pas maltraitée (bien au contraire ici !).
D'autre part l'atmosphère du roman qui nous touche au plus près (et qui fait qu'une fois rentré dedans on ne peut plus en sortir) puisque l'histoire se déroule dans un futur (très, trop ?) proche. On ne peut s'empêcher de sourire (mais quelle valeur donnée à ce sourire très souvent jaune) en trouvant des références de débats contemporains où les mesures ont été appliquées dans ce monde virtuel... Tout cela crée une troublante, et inquiétante au fil du récit, proximité du lecteur.
Le thème proprement dit maintenant ; scientifique où manipulations géniques, armes biotechnologiques et pandémie s'entremêlent et soulèvent des questions fortes sur l'éthique de la science, la mise à disposition des découvertes aux puissances (mais dans quels buts ?) et aux sociétés civiles ensuite, du financement de la recherche, etc ; ne peut que renforcer l'intérêt qu'on y porte.
Enfin, une histoire a tjs besoin de héros pour la porter, la faire vivre, lui insuffler la vie, mais comme les héros n'existent pas et bien on fait alors avec un "anti-héros" qui ici nous touche de part son origine et l'espoir immense qu'il suscite : car avoir réussi est une chose, ne pas avoir été perverti par notre mode de vie en est une autre ! Garder un regard critique sur la politique (en tant que vie de la cité et sociologie), se souvenir toujours d'où l'on vient car le plus important dans la vie n'étant pas OU l'on va mais COMMENT et avec QUI l'on s'y rend ! Or, pour répondre à ce comment, il faut une réflexion qui ne peut se concevoir que dans le partage avec l'autre, dans le livre avec ses deux amis chercheurs comme lui.
Heureux les plus "fleurs bleues-larmes faciles" d'entre-nous car dans la tourmente mondiale s'inscrira une histoire d'amour qui à terme "muera" pour ressortir encore plus forte !
Voila, j'arrête là mon "petit" commentaire, et je conclus en disant que si vous aviez le choix entre un essai de Jacques Attali et ce livre, choisissez ce dernier car en plus d'être divertissant et de faire réfléchir, vous retourne les tripes, fait peur à plus d'un endroit et vous impose la nullité (manque total de valeur) des comportements de nos sociétés occidentales dans bien des domaines.
Quelle réponse donner à ces comportements ? Le nôtre [comportement], individuel. Notre réflexion, commune. Le changement, demain.
Edouard
PS : Inutile de préciser que pour une première fiction, monsieur Carton, elle est très réussie ! ;)
Écrit par : forted | 13 novembre 2008